La comteuse

 

 

Le balancier de la pendule tique et taque sobrement. De son œil vitreux vitré, la grande Comtoise observe sans ciller la vieille assise là, tout près, qui égraine de ses doigts noueux le chapelet de ses jours. Celle-ci, d'une voix chuchotante, chevrotante, chantante, ressasse d'étranges prières, aux accents trop païens pour être malhonnêtes.

 

La Comtoise écoute tendrement le balancier qui, dans son ventre, accompagne la litanie de sa dame. Il est amoureux de cette forme tordue dans son fauteuil, le pauvre. Il soupire pour cette ancêtre aux marottes étranges.

 

La Comtoise écoute. Compte avec la vieille les jours qui passent. Elle compte et conte les temps passés qu'elle a tenu dans ses bras quand ils étaient encore si verts.

 

La vieille tend l'oreille. Elle s'éprend du tic et du tac du balancier de cuivre ; dodeline de la tête pour en suivre la danse. Les récits de la Comteuse l'émeuvent et étreignent son vieux cœur encore rose.

 

 

 

Dehors, une feuille tombe, gracieuse,en silence. Le vent la bouscule au passage. Puis la feuille se pose doucement sur le chemin de graviers. L'automne a le nez rouge et la brume aux lèvres.

 

 

 

Le balancier de la pendule tique et taque sobrement. De son œil vitreux vitré, la grande Comtoise observe sans ciller la vieille affalée là, tout près, qui garde entre ses doigts noueux le chapelet usé de ses jours.

 

De sa voix rauque, la Comteuse compte et conte tendrement des histoires à tous les temps.

 

 

Octobre 2014

 

 

 

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