Tchak Bodom

 

On pourrait me reprocher de répéter les mêmes choses, avec les mêmes mots, toujours. On pourrait s'apercevoir que mon style pompeux ne se départ pas de ses métaphores enrobées, souvent maladroites et de voix enfantines.

 

On pourrait trouver mes assiettes de phrases bien trop sucrées.

 

On pourrait.

 

 

 

Mais que voulez-vous ? Les doigts, chez moi, ça marche avec le coeur. C'est branché d'ssus, comme une mouche sur une miette de Palmito. Ca pompe c'que ça peut, tant qu'il y en a à prendre, et tant qu'ça fait du bien.

 

«Bodom... Bodom... Bodom...», ça fait sous mon sein gauche.

 

«Tchak Tchak tchak», ça fait sous mes dix doigts.

 

J'y peux rien.

 

 

 

Et j'y peux rien non plus, si dans certains moments ma pompe à émotions perso se prend des envies d'acrobates. J'y peux rien, si elle attrape d'un coup le trapèze suspendu là-haut pour s'essayer aux loopings. Et la voilà, la mémère, aussi gracieuse qu'un ver à soie, qui s' balance tant qu'elle peut, en riant aux éclats ! Même pas peur du vide ! Un coup en avant, un coup en arrière, tête en bas, bras en croix, les mollets sur l' derrière ! Et comme si ça ne suffisait pas, la pompe, elle fait passer le message à tous ceux qui sont en dessous. Ca voyage, j'vous dis pas... Tout le long des canaux : du gélatineux du haut aux plantes à cornes du bas. Le message court, vole, et bientôt, c'est chaque cellule qui se fend la poire. Chaque organe, chaque millilitre de lymphe, chaque pore de peau qui vit l'instant.

 

 

 

Mais faut pas croire, ça n'arrive pas tout seul une fête pareille. Que non ! Il en faut, de l'évènement, pour qu'tout ça s'mette en branle ! Et l'évènement, il est là-haut. Là-bas, là, sur la scène. Là où ça joue, où ça chante, où ça gouaille. Trois hommes, et des tas d' pieds qui piaffent d'impatience tandis que les oreilles palpitent par avance. Trois notes, et une chaleur qui s'élève d'un coup au-dessus de tous, pour se poser en chacun comme une flamme de cantou. Trois mots, et des dizaines de paires d'yeux qui se mettent à pétiller de concert.

 

Trois, c'est un chiffre magique, y paraît.

 

Et ben même que moi, j'y crois.

 

 

 

Et j'y peux toujours rien, si quand j'entends les accents de cette musique, mon palpitant fait des siennes. J'y peux rien si j'ai la cornée qui mouillotte quand certains mots s'envolent pour se nicher au creux de nos pavillons. J'y peux rien si j'ai les pieds qui s'excitent, alors même que je me sens arbre, plantée dans un sol vivant et accueillant.

 

J'y peux rien si j'aime cette musique et ses vibrations qu'on prend tous en plein dans les corps.

 

Et puis d'ailleurs, j'vois bien, en regardant autour de moi, que je suis pas la seule.

 

 

 

On n'y peut rien, si un planteur d'arbres à l'aura majestueuse et ses deux beaux comparses font de chaque bal un jardin odorant, et coloré. Si leurs mains façonnent avec autant de simplicité des paysages apaisants. Si leurs générosités sont la source de rivières à sourires. S'ils donnent l'impression d'être terre, eau, feu et air à la fois.

 

On n'y peut rien s'ils nous offrent à chaque fois un asile rassurant où le pied se pose tranquille et heureux. Où la mélancolie s'apaise...

 

On n'y peut rien, ou pas grand chose, et c'est très bien comme ça.

 

 

 

 

 

«Tchak tchak tchak», ça fait sous mes doigts.

 

«Bodom... Bodom... Bodom...», ça fait sous mon sein gauche.

 

 

 

«Ciac Ciac Ciac», ça fait là haut sur scène.

 

«Boum Boum Boum», ça fait en bas dans la salle.

 

«Ciac Boum», ça fait.

 

2011

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